Allingen se posta devant l'immense porte du palais, la fixa de ses yeux pourpres. Corfeath sur l'avant bras, ce dernier protégé des griffes de l'oiseau par un gant en cuir épais de fauconnier, la jeune fille laissait le vent presque glacial faire voleter ses couettes rousses derrière elle, tel une chevelure de flammes. Le ciel était noir et menaçant, près à lancer un éclair sur le haut du donjon à tout instant. Cette ambiance plaisait à la jeune fille qui sourit, avec une pointe d'ironie. La grande porte de bois foncée qui se dressait devant elle ne paraissait pas comme un obstacle, mais un cadeau de bienvenue, un bouquet de fleur qu'on lui tendait, le jour de son anniversaire. L'aigle qui l'accompagnait regardait haut dans le ciel, les ailes repliées sur son corps qui n'était guère plus qu'une ombre. Allingen frappa à la porte une première fois, s'attendant à ce que deux gardes lui ouvre et lui demande son identité, ainsi que la raison pour laquelle elle voulait aller au palais. A ce moment, elle aurait inventé un mensonge, juste parce qu'elle avait envie de voir pour la première fois, l'intérieur de la cour d'un palais et, peut être, l'intérieur du palais lui même. Mais rien ne se produisit. Soi il fallait faire passer un code que seul les personnes invitées par les nobles du palais ou les habitués connaissait, et, dans ce cas, tout était extrêmement protégé, soi la porte était ouverte et personne ne la surveillait. Allingen glissa sa main entre les deux poignées et en tourna une lentement. Alors que celle-ci grinça sans rien n'ouvrir du tout, la jeune ombre la lâcha, surprise et soupira. Elle ne pouvait donc pas entrer. Elle caressa le bois dur de la porte du bout des doigts puis regarda partout autour d'elle. Après qu'elle ait constaté que personne n'était présent, elle posa son oreille encombrée par ne nombreuses boucles d'oreilles reliées, entre autres, par des chaînes, sur le bois. Rien. Aucun bruit, le silence absolu. La grande cour était-elle vide ? Allingen resta quelques secondes dans cette position, puis poussa un autre long soupire. Elle lança un regard interrogateur à Corfeath, qui n'avait pas quitté le ciel des yeux. Celui-ci, sentant que sa maîtresse s'était une nouvelle fois tourné vers lui, déploya ses ailes sans broncher, mais en souriant, si il avait été un humain puis s'envola au dessus de la muraille. La jeune fille fixa pendant longtemps la silhouette de l'aigle, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus le voir. Elle passa sa main gantée sur la lame de sa hache, attaché dans le dos, puis Corfeath revint. Il communiqua se qu'il avait pu voir à sa maîtresse, par de simples mouvements des ailes, et même un peu de télépathie, dont l'apprentissage était en cours, et Allingen hocha la tête. Puis elle récompensa son grand aigle noir avec une énorme caresse. La jeune fille était en train de câliner le volatile, lorsqu'elle perçu un bruit, qui lui fit relever la tête.